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le vilain petit canard
16 mars 2009

maintenant, j'ai 8 ans

- C'est mon anniversaire. J'ai 8 ans.
Je suis un peu triste, frustrée plutôt, je me rends compte que je ne suis pas la reine de la fête comme ma soeur, c'est le jour de la fête des mères. Le 30 mai. Mon anniversaire tombe toujours le jour de la fête des mères. j'ai mes cadeaux (une vache qui donne du lait quand on bouge sa queue, et un petit jeu flipper en plastique aussi ) je souffle mes bougies, mais après, on fait la fête pour maman, et c'est elle qui est la Reine. Pas drôle !

- Papa nous annonce une grande nouvelle, nous allons habiter dans la maison neuve, au Vert Bois, la maison ou les parents auront leur chambre, ou je ne dormirai plus avec elle, ou il y a des wc à la maison, et même une baignoire ! super !

- Les parents de Mylène aussi vont changer de maison, ils iront l'habiter aussi pendant les vacances, et Mylène en rentrant de chez son oncle.

Mylène n'ira jamais habiter la grande maison. Jamais. Jamais plus.

Ils ont eu un accident, elle est morte. Elle est morte. Elle est morte. Elle est morte

Je vais avec mes parents la voir dans leur ancienne maison, elle est toute blanche, elle ne bouge plus, elle a un casque en plâtre parce que sa tête est toute cassée.
Ils ont voulu que je la voie, pour que je comprenne que je ne la verrai plus, son papa me prends dans ses bras, il pleure, moi, je ne dit rien, je la regarde, je pleurerai dans mon lit, le soir. Souvent.

J'ai perdu mon soleil, j'ai une petite photo que maman m'a laissée, c'est une image qui dit qu'elle est morte,"dans sa neuvième année" cela me turlupine longtemps, on n'a que 8 ans ?
Le changement de maison va m'aider un peu, mais il ne fait pas tout.

- Encore une autre école, d'autres filles idiotes, toujours les mêmes réflexions, les mêmes soucis, les mêmes oublis, les mêmes punitions, les mêmes roustes, les mêmes douleurs aux mains.

Mais comme je suis plus grande, c'est plus fort.
Et comme je suis plus grande, je me rends mieux compte.

Des bêtises, je les collectionne ! en face de la maison, de l'autre coté de ce qui sera un jour la rue, (chemin de gadoue tout mou qui avale les pieds) il y a un petit champ, et un petit bois, un terrain de jeux super !
Il y a aussi un poteau électrique, mais pas comme les autres en bois, celui là est en béton, avec des escaliers, moi qui aime grimper, facile ! Je commence donc mon escalade, c'est génial, je vois loin, tous les gens sont à leurs fenêtre, même ceux des HLM.
J'entends papa qui m'appelle, gentiment, (pas normal) il dit : "viens chercher un bonbon" je descends, à l'arrivée, il me donnes un bonbon et une volée dont je me souviendrai toute ma vie, elle est à la hauteur de la trouille que je leur ai donnée. si les enfants n'ont pas le sens du danger, les adultes sont idiots de faire des poteaux dangereux qu'une petite bonne femme peut escalader en toute facilité.

Désormais, je me contente de grimper sur les arbres, j'ai de nombreux copains, tous de la rue, on est la bande des castors, contre la bande des HLM, en face.
C'est moi qui grimpe le plus haut, normal, je suis la plus légère, je suis élue "vigie" ouaoooohhhh. mais j'ai des problèmes pour redescendre en parachute, les branches sont pourtant souples, mais je suis trop légère, mais mon copain James m'aide, à 2 ça va.

Je joue beaucoup avec eux, nous sommes 5 ou 6, nos mamans peuvent nous surveiller depuis la fenêtre.
maman m'a fait des vêtements que ne craignent pas, (un bloomer) c'est comme un short, froncé à la taille et aux cuisses, elle fait cela dans un tissus pas cher, et on ne se fait pas disputer si on l'abîme, c'est fait pour cela. Elle en fait pour mes 2 petites soeurs et pour moi.

Évidemment, je suis la seule fille, alors Elle se moque de moi.
A l'école, je m'ennuie, les filles et les garçons ne sont pas dans la même école, je  vois mes copains par le grillage.
Les plus grandes filles sont en grappe après le grillage pour voir les garçons.

- Maman pleure, Je n'aime plus grand-mère Hélène !
Maman pleure parce que sa maman est morte. Je suis très triste, je ne peut rien faire, alors je n'aime plus ma grand-mère, c'est elle qui fait pleurer maman.
Je ne suis pas allée souvent à Mirecourt chez mes grands-parents, je suis trop fatiguante pour grand-mère Hélène, je cours trop, trop vite, trop loin.
Pourtant, j'aime bien Mirecourt, on va au verger du haut de Chaumont, pour y ramasser des quetsches et des mirabelles, c'est boooonnn.
Nous allons aussi chez une amie de grand-mère, c'est chez Lotte. Pour y aller il faut traverser la petite  passerelle au dessus du Madon, il y a des jours ou le ruisseau arrive au bord et il n'y a pas de barrière. j'ai la trouille, j'ai peur de tomber dans l'eau, j'ai l'impression que la passerelle est minuscule.


Lui, il est archetier, j'aime son jardin, tout est bien rangé, en ligne, comme celui de grand-père André. les légumes sont comme au défilé, avec des tuteurs en bois de "pernanbouck" c'est avec ça qu'on fait les archets, et du crin de cheval.
J'ai peur de leur Françoise, on dirait qu'elle est folle. Quand elle nous court après, elle passe au travers des haies, on dirait qu'elle n'a pas mal, moi j'ai vraiment la trouille et ma soeur aussi.

Mon Grand-père André est contremaître luthier à l'usine Laberte. j'aime aller le chercher à la sortie, le soir. J'aime les odeurs du bois de la colle et du vernis. Le vernis, maintenant, c'est LUI. Le vernis d'un violon, c'est un secret, et Monsieur Laberte à donné la formule à grand père, pour qu'il puisse continuer l'usine et les violons quand lui sera mort.
A côté de la maison, il y a les hangars ou sèche le bois pour l'usine, c'est amusant d'aller jouer dedans, ça sent bon, on peut grimper et à l'intérieur, c'est comme une cabane.
Plus loin, il y a un tas de sciure énorme comme une maison, on joue à se cacher dedans, papa dit que c'est dangereux, mais Elle dit que non. Quand on revient, grand-mère Hélène crie, "André viens vite, elles sont encore aller chercher des puces".
Alors là, c'est super, grand-père fait chauffer de l'eau à la buanderie, et il nous fait prendre le bain dans les bacs en pierre pour laver le linge.
On n'ira plus.

Un peu plus tard, grand_père André s'est remarié avec "mamie Yvonne", ils en font des histoires les grands, enfin Tonton Pierre et Tante Henriette, ils ne veulent pas ! Pourtant, elle est gentille mamie Yvonne. Et elle fait des choses merveilleuses, elle brode, c'est super beau !

- Dans ma classe, je suis au fond, la maîtresse me fait revenir devant, je ne vois pas le tableau, c'est pour cela que je ne peux pas copier ce qui est écrit. Je dois porter des lunettes.

Je viens d'aller chercher mes lunettes avec mes parents, au retour, je lis tous les panneaux publicitaires, à toute vitesse, il y en a tellement, je n'en avait jamais tant vu. Papa me dit, "je ne savais pas que tu savais si bien lire" ! je manque de répartie et lui rétorque que je ne savais pas qu'il y avait tant de choses écrites sur les murs.
Je suis frustrée, ce n'était pas ce que je voulais lui dire, je suis lente à la répartie, ce qui me fais dire des sottises ou des choses sans intérêt. Je suis sans intérêt.
Ma grand-mère Jane le sait, elle, que je sais lire, à mon dernier Noël (parce que maintenant, on fête Noël, avant, on  fêtait  St Nicolas) j'ai eu 3 livres de bibliothèque, je les ai tous lus.

Je prends conscience de la difficulté que j'ai pour manger, enfin, pour prendre les couverts. Je passe ma fourchette et mon couteau d'une main à l'autre, encore et encore, droite, gauche,  je ne sais pas laquelle je dois prendre, maman me regarde et baisse ses yeux tristes papa me regarde d'un air très sérieux.

Il ne faut surtout pas qu'il y ait une dispute, un éclat de voix, sinon, mes mains sont paralysées.
Je ne peux plus manger. Et comme je suis grande, je dois bien me tenir, sinon, c'est un coup de manche de couteau sur les doigts (pauvres doigts), ou un coup de fourchette piqué sur les coudes qui traînent.

A l'école, je suis trop lente pour les dictées, je n'en fait que la moitié, je n'ai pas le temps non plus de faire les problèmes, mais le calcul mental, super ! je suis bonne en rédaction,et quelque fois, la maîtresse la lit tout haut, je suis si fière de moi ! mais au final, ça ne fait toujours pas un bon carnet de notes.

à la maison, je ne sais pas pourquoi je me fais toujours disputer, souvent, le soir, papa m'envoie au lit sans souper. La nuit,  j'ai si mal au ventre, j'ai faim.
Quand il me tape, j'ai mal à la tête, ça tourne. J'entends maman qui crie "pas sur la tête, ne la frape pas sur la tête" cette phrase me résonne encore dans les oreilles.

- Cette année, nous allons en colonie de vacances, avec une cousine de Grand-mère Jane. Elle est religieuse avec le même costume que Ste Bernadette de Lourdes. Pour la colo, il faut aller au couvent à Nevers, et de là, on prends le bus pour aller à la colo en bretagne, à Fouesnant. On est au bord de la mer.
On couche dans des grands dortoirs, Elle est dans le même que moi, la cousine n'a pas voulu nous séparer ! dommage.
On joue bien sur la plage, mais je n'aime pas me baigner, l'eau est sale, tout près de là, ça sent très mauvais, la mono dit que ce sont les égouts, beurck ! ! !
Je suis souvent malade, la cousine ne connaît qu'un remède, la tisane, avec les fleurs de camomille, il faut manger les fleurs !
Je m'ennuie, tout ce que j'aime, on n'a pas le droit, tout ce qu'on doit faire, j'aime pas. J'ai maigris.
Je suis toute seule.

A la fin de la colo, les parents viennent nous chercher, je revis, on visite la bretagne, c'est beau, je mange de bon appétit, papa me dit "je te croyais malade". C'est cette année là que j'ai découvert le mouton de prés salé ; que c'est bon. Je suis si heureuse d'avoir retrouvé mes parent, je les aime.

La cousine dit que le climat ne me convient pas et la discipline non plus.
Au retour à la maison, on se rends compte que j'ai perdu pas mal de vêtements, papa est furax, Elle est aux anges.

- Maman a été très gravement malade, on a trouvé un nouveau médecin, le docteur Gensoul, c'est un homéopathe, il a guéri maman.
Ils m'ont emmené le voir, il m'a donné des médicaments pour ne plus être méchante, (c'est ainsi que papa me l'a annoncé).
Papa, lui, il a trouvé un nouveau truc, à cause des lunettes, il dit que comme ça on ne les cassera plus, et il ne se fera plus mal contre mes os.
IL dit "enlèves tes lunettes avec les 2 mains"  et comme ça, il peut taper sans casser les lunettes, et je ne peux plus mettre les coudes pour me protéger.
Je ne vais plus au lit sans souper, je suis "au pain sec et à l'eau" c'est mieux

Mais de toute façon, il y a bien longtemps que je ne suis plus là, je me suis inventée un monde à moi, là, on me respecte, on est gentil, personne ne crie, j'ai des amis et on m' AIME. Ce sont les héros de mes livres, je suis boulimique de lecture, difficile de me rassasier. Le club des Cinq, Fantômette, toute la comtesse de Ségur et bien d'autres, je lis sous les couvertures, à la lampe de poche !

J''ai découvert une façon de dessiner, dans ma bulle, je ferme un oeil, et avec mon index, je fais le contour de tous les objets que je vois : papa, une bouteille, un arbre. c'est amusant. Ca fait rire papa.
J'ai aussi découvert la sulture sur gruyère ! !
Avec mon couteau, je fais des formes, avec des coupes toutes minces, j'ai comencé par une boule, puis je me suis améliorée, je fais des animaux, papa se moque de moi en souriant, comme pour le dessin, je l'aime mon papa quand il est comme ça.

- Pendant toutes ces années, je fais du scoutisme, comme papa, et comme mes grands-parents. J'aime bien, on parle de respect, on fait des jeux, mon coté cartésien se repaît des "règles strictes" de cette vie, de cette société. Bien entendu, au début, elle est là, elle a 2 ans de plus que moi, mais la cheftaine est sympa, je suis assez tranquille.
On fait de grandes sorties, de grands jeux, je sais faire des messages pour les jeux de piste, ma spécialité : les messages à l'envers, il faut un miroir pour les déchiffrer, facile, je suis gauchère, et si j'écris comme le veut mon Corp, j'écris de droite à gauche  et tout est à l'envers, il faut lire dans un miroir.
Quand on rentre au local, je suis très fatiguée, mais il reste encore 5 km à faire pour rentrer à la maison, au vert bois.

- L'été on va camper, pas loin pour les petites, on va à St Bon, on campe dans la prairie, le matin, il arrive que les vaches soient là, il y en a une qui à léché une tente, une autre qui a mangé du linge qui séchait ! une autre qui a fait une bouse juste devant l'entrée d'une tente, il y a une justice ! devinez qui a mis le pied dedans !
Monsieur Rolland à fait rentrer les vaches. Pendant les promenades, on voit souvent le fils de M. Rolland qui fait les moissons, sur un énorme engin, c'est un beau blond, les grandes ne peuvent plus en décoller, elles sont dingues avec leurs histoires de garçons.
L'autre soir, il faisait si mauvis que Monsieur Rolland a dit qu'il fallait nous faire dormir dans la paille, le monsieur nous a ouvert des bottes de paille ou de foin pour faire des lits, ça sent bon.

- Cette année, de nouveau la colo, mais papa a décidé que je n'irais pas en bretagne, je vais au sud de la haute marne, Aprey. Elle retourne à Fouesnant.
Papa m'a proposé un pacte. Pour que je ne perde plus mes affaires, on a fait l'inventaire de ma valise, au retour, il me donne 1 centime pour chaque chose que je rapporte, et moi je lui donne 1 centime pour chaque chose perdue. Super non ?
Cette colo, c'est génial, il y a un parc, avec des arbres, et j'ai une copine qui aime grimper autant que moi, on passe la moitié de la colo dans les arbres, les mono sont sympa, ils savent ou nous somment, ils viennent nous chercher quand c'est l'heure.
On fait des grandes ballades, des visites, nous sommes allés à Dijon, on avait le choix pour la visite, la fabrique de moutarde, ou la fabrique de chocolat.
J'ai choisi la moutarde, c'était super, ça pique un peu les yeux, mais ça sent bon, on a goûté, la moutarde douce, j'aime ça.

Ceux qui ont choisi le chocolat sont rentrés dégoûtés de l'odeur du chocolat chaud !

A la sieste, on n'est pas obligé de dormir, on se repose sans faire de bruit, on peut lire, alors je lis. On mange bien, on a le droit de ne pas aimer, on a toujours le choix,  pour tout.

Au retour, maman dit que j'ai bonne mine, je suis gaie, pendant un mois, rien n'a pesé sur mes épaules. Maintenant, papa va vérifier le contenu de ma valise ... Il est furieux avec un grand sourire, je l'aime quand il est comme ça, plein d'humour, je l'aime quand je lui fait plaisir.
J'ai rapporté plus de linge que je n'en avais emporté ! ça lui a coûté des sous ! "tu vois quand tu veux"

 

- En ville, on n'a pas intérêt à faire des sottises, tout le monde nous connaît, les gens disent aux parents qu'ils nous ont vues ici ou là, papa dit qu'on est connu comme le loup blanc !

Maman travaille avec papa au magasin, et quand on rentre de l'école, il faut s'occuper des petites soeurs. Donc, JE m'occupe des petites soeurs, Elle ne rentre que juste avant les parents pour faire ses devoirs, ce qui fait que je n'ai pas le temps de faire les miens, rien à dire, de toute façon, c'est de ma faute.

 

A l'école, je suis toujours la 4 zieux, la Ptit' Catich' celle qui a toujours de mauvaises notes. Ma soeur est en tête de la foule de harpies.
Un jour, le bulletin de note ne me convenait pas, j'ai donné un coup de langue dessus ! ! !
J'aurais mieux fait de m'abstenir d'exprimer mon avis, cela va me coller à la peau pendant longtemps.

A la maison, on a le droit de parler pendant le repas du soir, on parle de ce qui interresse tout le monde.
Un soir, ELLE essaie de lire le nom du médicament que pend maman, elle essaie 2 syllabes, se trompe et recommence X fois ; m'énerve, je lui prends le flacon des mains, je regarde, et d'un seul élan, je cite le "dihydroexotamine" écrit sur l'étiquette.
Papa me regarde surpris, se lève et va chercher d'autres médicaments, tous avec des noms bizarres, et je les lis tous aussi facilement. cela la fait pleurer, c'est à moi que papa s'interresse, pour moi, je ne comprends pas pourquoi, il n'y a rien de surprenant, je lis nuit et jour, le plus possible, et j'ai une bonne mémoire. Elle m'en veut, je crois que je vis le payer.

- Madame Joli, ma maîtresse, je ne peux pas la sentir! elle est méchante. Elle a des taches marron sur les bras et sur le visage. Elle ne m'aime pas, elle me punit pour un rien, quand je vais en classe, j'ai une boule dans la poitrine.
L'année à été mauvaise, je dois redoubler mon CM1.
Je ne peux pas retenir mes larmes, je sanglote, je dis à maman que ce ne sera pas possible, qu'elle me fera mourir.
Maman a raconté à papa, et il se moque de moi, je me sens humiliée de la façon dont il me traite. Maman me dit : tu n'a qu'une solution, réussir !
Pas de chance, je donne un bon coup de collier l'année suivante, mais Madame Joli à sa fille dans sa classe, et elle sait les devoirs à l'avance. Comme je ne fais pas partie de la bande (aucune bande, je n'ai pas d'amie) je n'ai pas les réponses, mais c'est l'injustice flagrante qui me déprime.
Je réussi cette année là, et je passe en CM2 !

Madame Joli aussi, sa fille aussi !

- Je ne sais pas broder, et il faut faire un petit naperon pour la fête des mères, de toute façon, je ne sais rien faire de mes dix doigts !
Elle me dit que je suis méchante et que je n'aime pas ma maman, sinon, je le ferais ce naperon.
Je pleure, elle a dit ça devant toute la classe, et elles se moquent toutes de moi encore une fois. Je l'aime ma maman, ça n'a rien à voir avec le naperon, elle est méchante la maîtresse.
Dimanche, nous allons à Mirecourt, voir grand-père André et mamie Yvonne, je n'aime pas le voyage, je suis malade en voiture, et papa râle parceque ça commence au premier virage, au bout de la rue.
Une voiture, ça sent mauvais, et puis les cigarettes aussi, j'ai mal au coeur, c'est pas vrai, je ne fais pas exprès.
Aujourd'hui, j'ai emporté mon naperon avec tout ce qu'il faut, (je vais expliquer à Mamie Yvonne, elle, elle garde les secrets)
Quand je lui ai raconté ce que la maîtresse avait dit devant tout le monde, elle était furieuse. Elle m'a montré comment faire de la broderie, c'est son métier, elle brode pour l'Elisée. (c'est quoi ? ) elle m'explique que le châle qu'elle est en train de broder est en soie et qu'elle brode avec des fils d'or et d'argent.
Ce châle est pour la femme du SHA d'IRAN qui va bientôt venir en France.
Tout en papotant et en me montrant à broder, HO, elle a terminé mon naperon !
A l'école, j'ai montré mon naperoon à la maîtresse, elle était verte, avec les lèvres pincées, comme quand elle n'est pas contente.
La fête des mères, c'est à la fin de la semaine, en même temps que mon aniversaire, encore.

- Je commence à comprendre que ma soeur me mène par le bout du nez. Qu'elle me rabaisse pour me faire disputer, elle invente des choses sur moi, dit des mensonges, m'accuse à sa place. Je ne peux pas y échapper puisque personne ne me croit.

A la fin de son CM2, elle a passé un examen d'entrée en 6°, elle est admise, papa est très fier. (il y avait aussi des tests à passer, elle ne les a pas réussis).
Elle me raconte son lycée, les garçons (beaucoup, les garçons), les cours, la Mésopotamie, la Macédoine.
Je l'envie.

- J'aime quand mon oncle vient de Nancy avec Tante Henriette et mon cousin Michel. Mon cousin, je n'ai pas beaucoup le droit de jouer avec lui, elle ne veut pas. mais tonton Pierre s'occupe de moi, il est le seul à comprendre que ma main gauche me fait souffrir jusque dans la tête.
Il m'explique que les musiciens comme lui se servent des 2 mains de la même façon, il me fait jouer au ballon avec mes 2 mains, il est très gentil. Il a bien vu que je ne savais plus tenir mes couverts, ils en ont peut-être parlé, mais papa ne change jamais d'avis.

- Elle a raté sa 6°
Bien fait, elle ne pensait qu'aux garçons! Elle s'est fait virer, elle est revenue à l'école Brossolette en cours fin d'étude, pour préparer son certificat d'étude.

Quand elle passe son certificat d'étude, avec François, le fils de Raoul, l'ami de papa, moi, je passe les tests psychotechniques pour l'entrée en 6°.

Reçue aux tests haut la main, et pas d'examen d'entrée en 6° !

Papa me dit que je n'irai pas au lycée. Pourquoi ? Pourquoi ?

J'ai pleuré tout l'été, je ne comprends pas pourquoi, je lui dit que je veux apprendre la Macédoine, la Mésopotamie, l'Egypte.
J'ai enfin sa réponse : NON ! J'ai déjà eu un affront, je n'en veux pas un deuxième !

Et voilà, je paie encore pour elle, l'humiliation est pour moi, je ne suis qu'une moins que rien.

 

 

 

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Commentaires
K
J'y suis encore allée cette année !Si tu te rappelles bien,Rolland c'est aussi mon nom maintenant....Je n'ai pas connu ce monsieur Rolland,te rappelles tu de son prénom?<br /> Faudrait que je zieute l'arbre généalogique!<br /> ça me fait bizarre de savoir que tu connais cet endroit,isolé quand même!<br /> Tu racontes très bien,et j'attends la suite avec impatience!! bizzzz
M
Je suis bouleversée par ce que je viens de lire...
I
Bravo! <br /> <br /> On en veut encore!
L
Je suis comme Stessilee, j'ai hate de lire la suite. Je viens aussi de lire tout d'un seul trait...et c'est vraiment halletant comme histoire. C'est frais, bien raconté....j'ai hate, j'ai hate.<br /> A très bientot,<br /> Lotus
S
bonsoir je viens de tout lire d'un coup pourtant je me lasse facilement vous racontez tres bien j'ai hate de lire la suite . bravo!
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